Only the Lonely / Seuls les solitaires

Une proposition d’Elina Suoyrjö, curatrice en résidence, avec Jonathan Baldock, Cécile B. Evans, Emma Hart, Essi Kausalainen, Nanna Nordström, Maxime Thieffine
23/05/2015 – 18/07/2015

L’exposition collective “Only the Lonely” s’intéresse aux rencontres. Elle aborde des processus en jeu dans la construction de liens et de ruptures, dans les sentiments de malaise et d’empathie ainsi que dans les dynamiques de groupe – le groupe étant ici composé des œuvres considérées comme autant de personnages. Réunissant des sculptures, vidéos et performances de six artistes, “Only the lonely” explore les possibilités d’aborder des œuvres par le biais de la subjectivité et de leur capacité d’agir.

 

Il semble que ces œuvres aient quelque chose que nous pourrions identifier comme des caractéristiques humaines.En défiant les normes sociales, certaines suscitent un certain malaise, tandis que d’autres peuvent nous paraître amusantes, déplacées ou même fragiles dans leur présence physique-même.

Certains des personnages recherchent désespérément à intégrer un groupe alors que d’autres n’en font tout simplement pas partie. Par l’identification, ces sentiments ambigus peuvent potentiellement entraîner de la sympathie voire de la compassion. L’exposition souhaite directement toucher le visiteur en générant curiosité, rire ou affection vis-à-vis des personnages.

 

Les artistes présentent de nouvelles œuvres ou des versions d’installations antérieures retravaillées.

La mise en espace joue un rôle essentiel puisque les œuvres évoluent en fonction de leur nouvel environnement et de leur interaction. Ainsi, l’exposition propose un cadre où des éléments étrangers les uns aux autres sont réunis dans un même espace avec l’espoir de construire des liens entre eux mais aussi avec les visiteurs.

 

“Only the Lonely” souhaite avant tout se concentrer sur une expérience de l’art envisagée par le prisme des émotions et des sentiments, par les interprétations que l’on peut fonder sur des impressions et réactions immédiates dans le cadre de l’exposition. L’exposition se pose alors comme un cadre particulier pour appréhender ces œuvres sans toutefois se prétendre le format idéal.

 

Le titre est un emprunt direct à la chanson mélancolique de Roy Orbison (1960). “Only the lonely, know the way I feel tonight. Only the lonely, know this feeling ain’t right’’ (“Seuls les solitaires savent ce que je ressens ce soir. Seuls les solitaires, savent que ce sentiment n’est pas bon’’), chante Orbison de sa voix à la fois puissante et fragile. La chanson repose totalement sur une expérience collective de déchirement et de solitude, mais surtout sur un partage de cette dernière avec ceux qui savent. On ne trouve pas dans les paroles plus de détails sur ce sentiment : seuls les solitaires savent exactement ce dont parle la chanson.

 

À l’image de la chanson, l’exposition joue avec ces idées de sentiments partagés et de relations. Finalement, tout ceci revient à des questions relatives au domaine social, que ce soit l’échange, la communication ou la compassion en jeu dans nos interactions avec les autres êtres humains. Est-ce que ces compétences peuvent aussi être utiles pour interagir avec des entités non-humaines ? Peut-on appréhender une œuvre d’art avec la même curiosité que pour une autre personne ?

 

“Only the Lonely” s’accompagne d’un programme d’évènements, notamment un texte par l’auteure et curatrice Barbara Sirieix, qui sera publié sur le site internet de La Galerie à la suite de l’exposition.

 

Jonathan Baldock (né en 1980 au Royaume-Uni) use de textiles et diverses matières tactiles pour créer des œuvres sculpturales qui évoquent d’une manière ou d’une autre des figures humaines. Bien souvent, ses œuvres sont à la fois attirantes et quelque peu dérangeantes par les références familières dues au choix de tissus colorés et de formes douces (Impassive Bean Bag [Sac de haricots impassible], 2014), ou au contraire de violentes insinuations mêlées d’un érotisme étrange voire inquiétant (Yellow Figure (after Herpworth) [Forme jaune (d’après Herpworth)], 2014).

 

AGNES (the end is near) [AGNES (la fin est proche)] (2013/2015) de Cécile B. Evans (née en 1983 aux États-Unis) porte sur la crise existentielle du personnage AGNES – une robote spam, une intelligence artificielle, créé par l’artiste. Légèrement mystérieuse, pleine d’esprit et de compassion, AGNES vit sur le site internet de la Serpentine Gallery, où l’on peut véritablement échanger avec elle : elle pose des questions, explique et montre différentes choses. Par chance, AGNES peut également voyager. Son séjour à La Galerie pendant “Only the Lonely” s’inscrira donc dans l’histoire de l’œuvre.

 

Les sculptures audio-visuelles d’Emma Hart (née en 1974 au Royaume-Uni) sont souvent bruyantes et même parfois gênantes, bien que toujours comiques et sympathiques. La série TO DO [À FAIRE] (2011) est une collection de silhouettes filiformes que l’artiste considère à la fois comme des oiseaux et ses assistants. Les sculptures nous apparaissent presque en manque d’affection, avec le besoin de se faire remarquer par l’artiste, mais aussi par le public grâce à leurs apparences attirantes et leurs voix charmeuses.

 

Dans ses performances, Essi Kausalainen (née en 1979 en Finlande) tente d’entrer en relation avec des éléments non-humains – objets manufacturés, végétaux, minéraux… – et explore les connexions possibles entre ces différents règnes. Essi Kausalainen s’intéresse à différents systèmes d’existence qu’elle interprète et avec lesquels elle communique dans ses performances à travers les mouvements de son corps. Pour l’exposition, elle présente un performance in situ inédite lors de laquelle elle brouille les frontières entre elle-même et les éléments qui composent son installation.

La performance aura lieu le samedi 6 juin à La Galerie.

 

Nanna Nordström (née en 1981 en Suède) travaille avec des installations sculpturales qu’elle regroupe souvent en différentes familles. Ses matériaux – tels que le bois contreplaqué, du pain de seigle séché, ou encore des pierres – à la fois fragiles et stables, sont associés au quotidien. Ils semblent insignifiants par eux-mêmes jusqu’à ce qu’ils soient assemblés lors de complexes exercices d’équilibre pour devenir de véritables entités avec leurs existences propres. Pour “Only the Lonely” l’artiste rassemble différents personnages provenant d’installations récentes pour produire un groupe spécifiquement pensé pour l’exposition.

 

Maxime Thieffine (né en 1973 en France) travaille sur la série Les Comédiens en parallèle à d’autres projets depuis 2011. Les comédiens sont des personnages surgissant de différents types de matériaux du quotidien avec lesquels travaille l’artiste – pas tout à fait des restes inutilisés, mais plutôt des compilations qui apparaissent comme différentes pièces de puzzle trouvées au hasard. L’artiste considère les comédiens comme des acteurs, presque comme des personnages de théâtre qui amalgament différents éléments, perturbant ainsi des motifs familiers par leurs apparences fragiles ou par de curieuses dispositions.

 

L’exposition reçoit le soutien de Frame – visual art Finland, de Iaspis, the Swedish Arts Grants Committee’s International Programme for Visual Artists et de l’Institut suédois.

 

 

Autour de l’exposition :

 

Samedi 20 juin de 17h30 à 18h

Lecture “Don’t Talk (Put Your Head On My Shoulder)”
à plusieurs voix d’une fiction de Barbara Sirieix en dialogue avec les œuvres de l’exposition, avec la complicité de Marie Constant et de l’équipe de La Galerie.

 

Elina Suoyrjö, curatrice en résidence, a invité Barbara Sirieix à engager un dialogue avec les œuvres de l’exposition “Only the Lonely” pour produire un texte de fiction. Après la lecture, le texte fonctionne comme une documentation subjective de l’exposition.

 

Télécharger le texte de Barbara Sirieix

 

Barbara Sirieix est critique d’art et commissaire d’exposition indépendante. De 2008 à 2011, elle est co-fondatrice et co-directrice de Red Shoes, structure de diffusion et de production de films d’artistes. Elle s’intéresse au processus de l’exposition et développe depuis deux ans une écriture littéraire en lien avec ses projets. Elle travaille actuellement sur un projet curatorial lié à l’écriture d’une fiction, accueilli à “5 months” à Londres en mars 2014, à ODD à Bucarest en mai 2015 et à Schleifmühlgasse 12-14 à Vienne en décembre 2015. Sa résidence à La Galerie de Noisy-le-Sec en juillet et août 2015 sera consacrée à l’écriture de ce texte de fiction.

Marie Constant est comédienne depuis l’âge de 10 ans. Elle a travaillé au théâtre sur des textes aussi bien contemporains que classiques, ainsi qu’au cinéma. Depuis quelques années, elle oriente son travail dans le domaine de la voix, essentiellement pour des fictions radiophoniques, des publicités, des documentaires ou des lectures.

 

Autour de l’exposition

  • 06/06/2015

    de 14h à 19h

    Parcours Est #21, itinéraire en transport en commun entre les Instants chavirés (Montreuil), la Maison Populaire (Montreuil), La Galerie (Noisy-le-Sec).

    Gratuit sur réservation : resa@parcours-est.com

  • 06/06/2015

    de 18h à 19h

    Performance par Essi Kausalainen.

  • 20/06/2015

    de 17h30 à 18h

    “Don’t Talk (Put Your Head On My Shoulder), lecture à plusieurs voix d’une fiction de Barbara Sirieix en dialogue avec les œuvres de l’exposition.

    Barbara Sirieix est auteur en résidence en 2015.

  • 20/06/2015

    de 18h à 19h

    Concert par la classe de musique assistée par ordinateur (MAO) du conservatoire communautaire de musique et de danse de Noisy-le-Sec.

  • 04/07/2015

    de 14h à 22h

    Hospitalités 2015, “Maison Puissance 3” : itinéraire d’expositions entre la Maison Rouge – Fondation Antoine de Galbert (Paris), à La Galerie (Noisy-le-Sec) et à la Maison populaire (Montreuil).

    Avec les contributions de l’artiste Barbara Manzetti et de l’auteur Philippe Artières.


    Tarif : 4/7

    Hospitalités est une manifestation biennale du réseau tram.