Tes mains dans mes chaussures 1/3

Béatrice Balcou, Black Garlic, Laëtitia Badaut Haussmann, Delphine Chapuis Schmitz, Myriam Lefkowitz, Violaine Lochu, Jean-Charles de Quillacq, Sébastien Rémy, Alexander Wolff
23/09/2016 – 15/07/2017
23/09/2016 – 19/01/2017

La saison 20162017 intitulée “Tes mains dans mes chaussures”1 prend la forme d’un lent morphing évoluant au sein du centre d’art, de septembre 2016 à juillet 2017.
En supprimant la chronologie habituelle d’une exposition succédant à une autre, nous souhaitons tester les effets de cette forme de continuité sur l’ensemble du centre d’art. Avec cette saison, nous voulons ouvrir un temps de transformation lente qui nous permette de redéfinir les relations des artistes, du public et de l’équipe du centre d’art et d’interroger la manière dont chacun.e peut s’identifier à un ou plusieurs de ces rôles et l’interpréter.

 

Interpréter, c’est s’attacher non pas tant aux faits qu’au sens qu’on leur attribue, c’est en donner sa propre version. Un interprète qui endosse un rôle ou joue une partition est plus ou moins fidèle à sa source. C’est dans cette marge que peut se loger toute une dynamique de la reprise et de la recréation et où la place de l’auteur est perceptible. Il s’agira pour nous d’accentuer la dimension de la relation qui est mise en jeu dans la notion d’interprétation : la relation à un modèle, la force du modèle et les possibilités de le remettre en question, d’en tester les limites et de le rejouer. En plaçant l’enjeu de l’interprétation au cœur de cette saison, nous mettons en avant l’implication des corps et cherchons à réfléchir aux enjeux liés à l’incarnation d’une fonction, à ce qui se joue aujourd’hui pour ces corps au travail.

 

Dans le domaine de l’animation, le morphing est un effet spécial qui transforme de la façon la plus fluide possible un dessin initial en un tout autre dessin final. Appliqué à l’échelle d’une institution de petite taille comme La Galerie, un morphing permet de passer d’une exposition à une autre sans rupture et d’en tester l’élasticité. Un morphing suppose d’inventer à la fois une forme de continuité et de créer des raccords imprévisibles. C’est un temps où les enchaînements entre des étapes intermédiaires comptent plus que le tableau final. Aussi, cette programmation souhaite-t-elle laisser la part belle à l’improvisation, aux ajustements, et nous permettre de ne pas tout prévoir, de ne pas tout maîtriser. L’idée étant de donner la possibilité à une telle institution d’être réactive, souple, ajustée au temps présent et non pas perpétuellement prise entre le temps des bilans et celui des projets.

 

Placé sous ce double axe de l’interprétation et du morphing, le projet fait des artistes invités dans cette saison les interprètes de ces lentes métamorphoses, les agents de ces raccords, les acteurs de cette action continue. Ils peuvent se nourrir de sources préexistantes, d’œuvres d’autres artistes ou des leurs, de rôles, de situations et de contextes donnés où chacun formule sa propre position d’interprète. L’enjeu d’un tel morphing est alors d’intégrer à la durée et à l’espace du centre d’art certains aspects périphériques a priori invisibles au public. Le projet souhaite créer ainsi des modes de relation et de représentation qui touchent aux dimensions à la fois matérielles et symboliques du centre d’art. Il vise donc à agir sur tous les aspects de son fonctionnement — exposition, production, communication, médiation, administration…— afin d’amplifier ces passages entre le terrain de l’exposition, les étages habités par l’équipe et les alentours d’où arrivent les visiteurs. Il s’agira alors de générer des relations dynamiques dans un triangle artistes, institution, public et de créer les conditions d’une attention, d’un soin, d’une confiance et d’une implication réciproques tout au long de l’année. Avec ce projet qui est “sur, avec, pour, entre, contre”2 le centre d’art, les artistes et les publics, nous souhaitons rendre visibles les enjeux éthiques et politiques d’une telle relation qui intègre toutes ses conjonctions pour en faire l’objet d’un programme de nature performative et transformatrice, dans et autour de cette maison qui abrite le centre d’art.

 

Ouvertures :

1/3 : 23 septembre 2016

2/3 : 20 janvier 2017

3/3 : 21 avril 2017

 

1. Le titre de l’exposition est une adaptation du catalogue de Jean-Charles de Quillacq Mes mains dans tes chaussures, publié en 2015 à la Villa Arson, Nice.

2. “sur, avec, pour, entre, contre” est emprunté au titre d’un texte de Vanessa Desclaux pour le journal de l’exposition “Problèmes de type grec”, en 2015 à La Galerie.

 

“Tes mains dans mes chaussures” reçoit le soutien de l’adagp/La culture avec la copie privée.

La performance La Corde de Jean-Charles de Quillacq reçoit le soutien de la Cité internationale des arts.

Le dîner “Effeuillez l’ail, savourez l’ouvrage, remballez le tout” de Black Garlic avec Béatrice Balcou reçoit le soutien de la Fondation d’entreprise Ricard.

Le workshop “Anna’s Week-end” de Laëtitia Baudaut Hausmann reçoit le soutien d’Art Ultima.

Productions