Performance 32 octobre 2018
de Ghita Skali

09/03/19 | 19h

Issus d’une longue période de recherches et d’investigations, les projets de Ghita Skali ont pour impulsion initiale des enquêtes minutieuses sur des anecdotes apparues dans les médias et plus tard occultées ou effacées, ainsi que des faits et intrigues réels.
Ils portent par exemple, sur la construction d’une Tour Eiffel à Fès, l’emprisonnement d’une oie espionne au Caire, l’annonce de l’invention par le roi Hassan II d’un dispositif de diagnostic cardiologique inédit, les queues d’ânes de la sculpture de Rita McBride volées par les habitants de Monchengladbach en Allemagne ou encore la déclaration en 2014, de militaires égyptiens ayant inventé une machine guérissant le Sida. Ces intrigues et anecdotes n’ont laissé que des traces fugaces, mais révèlent des relations au pouvoir fondées sur des mythologies. Elles manifestent autant de systèmes de croyance et d’autorité que d’ironie.
Ghita Skali emprunte entre autres les codes du reportage télévisé, de la conférence, du micro-trottoir, de la visite guidée ou encore du congrès médical. Ainsi, elle réalise des projets hybrides mêlant plusieurs médiums. Dans sa démarche, il s’agit moins de dégager une vérité de l’anecdote que de cartographier toutes les ramifications possibles de cette narration, les contradictions et les impasses des multiples rumeurs qui l’ont fabriquée.

Pour cette performance, Ghita Skali propose de revenir sur un jour qui a marqué l’aéroport de Casablanca au Maroc. Le 31 octobre 2018, plusieurs voyageurs se sont retrouvés avec des documents de voyage annulés avec ce tampon daté du 32 octobre 2018 fait par la police aux frontières. Officiellement, ces documents ne sont plus valides, mais sont encore en circulation. Le 32 octobre 2018, on prépare et on mange des camemberts harissa (merci Booba !!) en mettant un pyjama Apple et on radote sur ces périples administratifs. Et pour le prochain 32 octobre, on essaye de s’en foutre, de retrouver une insouciance malgré une limitation de circulation qui s’aggrave. Le 32 octobre 2018, on trouve ces interstices ou les semi-faux documents empowerisent leurs détenteurs.

 

Née à Casablanca, Ghita Skali a étudié à la Villa Arson à Nice. Elle a par la suite participé au Post-diplôme des beaux-arts de Lyon. Depuis septembre 2018, elle est résidente à De Ateliers à Amsterdam.

Ghita Skali a participé à des expositions à la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo (Turin, IT), à Wekalet Behna (Alexandrie, EG), à la Cairo Off Biennale (Le Caire, EG), au Cube Independent Art Room (Rabat, MA), à la Fondation Abderrahman Slaoui et la galerie GVCC (Casablanca, MA), au 18 (Marrakech, MA), au Printemps de Septembre (Toulouse, FR), à la Biennale de Lyon – Résonances (Lyon, FR), à In Extenso (Clermont-Ferrand), à la Fondation Ricard – Cycle Partitions Performances (Paris, FR), à Triangle France (Marseille, FR), à été 78 (Bruxelles, BE). En 2017, elle a reçu la bourse de création pour jeunes artistes arabes de Al Mawred Al Thaqafi.

 

Durée de la performance : 30 min